

Malgré le fait que ce soit le milieu de l'automne, il faisait chaud, tous les étudiants étaient encore en tee-shirt.
Alors qu'il sirotait tranquillement une bière sur une parcelle d'herbe Toma fut soudainement interrompu.
-Hey Toma !
-Hmm...
-Tu pourrais être un peu plus enthousiaste !
Accompagnée de son ami, une jolie blonde aux formes bien placées lui sauta sur le dos, manquant de renverser sa canette.
-Yui...
-Quoi ? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu !
-Tu rigoles, on a déjeuné ensemble hier.
-C'est bien ce que je dis, une éternité ! On était toujours ensemble avant....
-Ce n'est quand même pas de ma faute si tu es allée dans une autre section.
-Oui mais tu es toujours avec Kei...
-Evidemment nous sommes dans la même classe.
-Mais...
-Yui, arrête ton cinéma. Ce n'est pas parce parce que nous sommes tous les deux dans des classes différentes que nous ne sommes plus amis pour autant. Je suis comme toi dans le département économie je te rappelle...., intervint le garçon qui l'accompagnait.
-Ah, tu es là aussi Souji ?, répliqua Toma.
-Tu aurais pu le remarquer plus tôt !
-Que veux-tu... tu es tellement discret qu'on ne te remarque pas ! Ha ha .
-Je te remercie...
-Tu ne comprends toujours pas après tout ce temps qu'il se moque de toi ?
-Yui tu me prends pour qui ?!
-Toujours aussi susceptible à ce que je vois. Même après trois mois de fac, tu ne changes pas. Ha ha, fit remarquer Toma.
-Non mais vous avez fini tous les deux ?!
-Non. Tu sais très bien qu'en tant qu'aîné du groupe il en va de mon devoir d'embêter les plus jeunes. En six ans tu aurais dû t'y habituer. Ha ha.
-Aaaaaah je te retiens avec ta loi du plus vieux !
-Hé hé .
-Bon les garçons, à la base Souji et moi sommes venu vous proposer un feu de camp au bord du lac ce soir. Comme au bon vieux temps !
-C'est vrai qu'on a plus rien fait après le lycée.... Ça me va. Ok pour moi.
-Super et toi Keisuke ?
Ce dernier était allongé derrière Toma, fidèle à lui-même il somnolait et semblait n'avoir rien écouté de la conversation.
-Kei ?
Toma lui donna un coup de coude et il se redressa aussitôt.
-Aïe !
-Hé, on te cause !
-Tu n'étais pas obligé de me frapper !
-Tu ne répondais pas.
-Je dormais !
-Oh là, on se calme !, temporisa Souji.
-Et ? Qu'est ce que vous vouliez savoir ?
-Ça te tente un repas sur les rives du lac ce soir ?, répéta Yui.
-Hmm... On finit à quelle heure Toma ?
-Il ne nous reste que le cours de bio et c'est bon.
-Dans deux heures en gros.
-Oui.
-Bon je suppose que je n'ai aucune excuse pour ne pas venir....
-Tu exagères... tu adorais ça !
-Yui. Je rigole. Bien sûr que ça me fait plaisir, comme ça je pourrai te torturer.
Avec un sourire machiavélique Keisuke se rua sur son amie pour la chatouiller.
-Non Kei ! Pas ça... ha ha.
-C'est pas bien d'embêter les filles, surtout quand on est tout autant chatouilleux !
A son tour Toma s'attaqua aux hanches de Keisuke.
-Surtout ici ! Hé hé .
Prit de court Keisuke libéra Yui pour assurer sa propre défense. A l'inverse de celle-ci, il était beaucoup plus robuste et musclé, mais ce n'était rien comparé à Toma, il se retrouva alors fort désavantagé. Néanmoins il réussit à esquiver.
-Ah non ! Tu ne m'auras pas !
-Hmm... Tu crois ?
Souji se posta juste derrière et lui attrapa les mains tandis que Yui lui maintenait les chevilles.
-C'est pas fair play !
-Nous n'avons jamais prétendu le contraire... Il est temps de répondre de tes crimes !
-Toma attends ! Non !
Ses supplications furent vaines. A trois contre un il ne pouvait plus lutter, seulement se tortiller dans tous les sens et rire aux éclats.
Même en ayant quitté leur petite bulle d'enfant en entrant à l'université, ils avaient conservé cette partie enfantine qui était la source de leur union. Et c'est grâce à ces petits moments de détente qu'il entretenaient leur amitié, parce que, bien qu'ils soient tous les quatre dans la même faculté, ils n'étaient plus dans la même classe hormis Keisuke et Toma. Certes ils se voyaient régulièrement, mais ce n'était en rien comparable à l'époque du lycée. Chacun devait suivre sa propre voie même si ça nécessitait de faire quelques sacrifices. Et c'est pour cela qu'ils essayaient d'organiser des soirées le plus souvent possible.
La journée passa en un clin d'½il et la nuit fut vite tombée. Chacun avait ramené de quoi boire et grignoter, salades, chips, sandwichs, coca, alcool... c'était en quelque sorte un apéro dînatoire.
Après avoir bu quelques verres ils étaient tous un peu titubant, en particulier Souji qui n'arrivait même plus à se lever. Ils s'étaient donc allongés sur l'herbe pour se reposer un peu. En face ils pouvaient contempler la beauté du reflet de la lune sur l'eau, lui donnant une couleur argentée, ce qui offrait une touche de naturel à ce lac artificiel. C'était un spectacle magnifique qu'ils ne pouvaient quitter du regard.
Un peu plus tard Yui se redressa et prit la première bouteille qui venait. Elle la posa sur une planche à pain et prit la parole.
-Les deux premières personnes que le bouchon pointe auront un gage !
-T'es sérieuse ? Tu veux jouer à la bouteille ?, répondit Toma.
-Ben oui, comme au lycée !
-Moi je suis partant.
-Souji qui est d'accord ?! Ce monde ne tourne plus rond ! Ha ha.
-Toma je ne suis pas aussi coincé que tu le crois !
-Ce n'est pas l'impression que tu donnais ! Ha ha.
-J'ai grandi depuis !
-Je demande à voir.
-Je suis d'accord.
-Je n'en attendais pas moins de toi Keisuke, rétorqua Yui.
-A une condition. On fait de VRAIS gages.
-Qu'est ce que tu entends par "vrais gages" ?
-On est plus au lycée, donc finit les gages du genre sauter à cloche pied pendant une demie heure.
-Ça va de soi.
-Et toi Toma ?
-Evidemment !
-Ok alors. Les personnes qui seront désignées enlèveront leur haut.
-Et si ça tombe sur toi tu enlèves le sou-tif aussi.
-Hein ?!
-Ah oui ! Tu as proposé ce gage sans précision donc....
-Non je ne suis pas d'accord ! Je suis une fille c'est pas pareil !
-On s'en fiche, on est entre potes non ?
-...
Se résignant elle fit tourner la bouteille. Malheureusement pour elle le bouchon la désigna au premier tour ainsi que Toma. Le garçon n'eut aucun mal à se dévêtir, dévoilant son beau torse musclé et sa peau encore bronzée de l'été, ce qui se mariait parfaitement avec ses cheveux noirs comme l'ébène et ses yeux en amandes de couleur bleu azur. En revanche Yui était un peu plus hésitante, elle se débarrassa de son débardeur et se bloqua pour la suite.
-....
-Oh oh, jolies rondeurs. Allez retire-le !
-....
-Allez, tu te dégonfle face à Toma ?
Ne voulant pas perdre la face, en fronçant les sourcils, elle dégrafa la brassière et ôta ce qui lui maintenait la poitrine. En voyant deux des garçons la regarder avec envie elle enroula rapidement ses bras autour d'elle pour en cacher le maximum.
-Ah je m'incline tu l'as fait !
-Mais tu peux le remettre, ça ne va pas le faire sinon..., intervint Souji.
-Une fille torse-nu, en présence de trois mecs c'est un peu risqué, tu ne crois pas ?
-Ce n'est pas comme si vous alliez me sauter dessus.
-Détrompe-toi, répliqua Keisuke.
Prise d'embarras elle se rhabilla.
-En revanche toi tu ne remets rien !
-Ha ha c'est ce que j'avais l'intention de faire, il fait trop chaud.
Souji posa sa main sur la bouteille et tourna son poignet pour la faire pivoter.
-Les prochaines victimes devront s'embrasser.
-Souji je ne te croyais pas si pervers, répondit Toma.
-C'est clair, confirma Keisuke.
-Mais ça n'a rien de pervers ! C'est juste un baiser !
-Venant de toi ça l'est ! Ha ha ! Je suis même sûr que tu n'as jamais embrassé de fille.
-Détrompe-toi !
-Je demande à voir.
-Si le bouchon me pointe.
-Je marche.
Il la fit tourner et cette fois-ci elle désigna Keisuke et Toma. Il n'y avait rien d'étonnant à ce deux garçons soient choisi puisque Yui était la seule fille parmi trois hommes.
-Encore moi ?!
-Tu fais moins le malin là ! A force d'embêter Sou, la malchance t'est tombée dessus pour te punir.
-Je me passerai volontiers de tes commentaires Yui !
-Qu'est ce qu'il y a Toma, c'est le garçon que tu ne veux pas embrasser ou moi ?
-C'est vrai qu'on est "entre potes", c'est toi qui l'a dit, argumenta Souji.
-Haaaa vous m'énervez !
Toma se tourna vers Keisuke pour déposer ses lèvres sur les siennes. Ce fut si bref que nous pourrions couramment appeler ça un "smack".
-Ooooh le nul !, s'écrièrent Souji et Yui.
-C'est vrai ça, tu embrasse mieux que ça d'habitude !
-Comme si tu le savais Kei !
-Mais oui, je t'ai vu à l'action. Quand tu embrasses une fille tu fais plus comme ça....
A son tour Keisuke prit les devants et lui donna un baiser, de tout ce qu'il y avait de plus fougueux. Il commença à le pencher en arrière, laissant ses longs cheveux châtains caresser ce visage mate, mais Toma refusa de se faire dominer. Il le poussa sur le dos sans lâcher une seconde ses lèvres afin de prendre le contrôle. Entraîné par la folie de l'instant, Toma introduisit sa langue et explora la bouche de son partenaire. Ce dernier ne put s'empêcher de frissonner et de s'agripper à lui. Ils semblaient avoir totalement oublié leur entourage, ils étaient comme aveuglés par leur désir, incapables de s'arrêter.
-Euh... Ils ne se prennent pas un peu trop au jeu ?...
-Si....
-Les garçons... Pas la peine d'être aussi sérieux...
En entendant les raclements de gorge de Souji, Toma réalisa ce qu'il faisait et stoppa instantanément son étreinte. Étonné de son propre comportement, il se retira subitement sur le côté et essuya ses lèvres.
-Qu'est ce qu'il y a Yui... Tu voulais du lourd non ?
Sa voix tremblait, il ne savait plus où se mettre. Quant à lui, Keisuke était encore enflammé... Lui aussi était totalement désemparé et resta silencieux. Pour dissimuler son embarras il se cacha derrière ses mains, il était inconcevable que son visage trahisse le fait que ce baiser l'avait touché... Que la chaleur qu'il éprouvait à l'instant refusait de le quitter et continuait d'embraser tous ses sens. Quelque chose venait de s'éveiller en lui, une douce sensation qu'il ne tarderait pas à comprendre.
-Oui....
D'un seul coup l'ambiance s'était dégradé, tous les quatre se sentaient très gênés vis à vis de ce qu'il venait de se produire. Personne n'osait parler. De ce fait Toma s'en alla le premier, et les autres ne tardèrent pas à faire de même et rentrèrent chez eux. Cette soirée qui avait pour but de se retrouver s'était terminée sur une note négative, chacun allait faire de son mieux pour oublier cet incident après une bonne nuit de sommeil. Mais ce soir là Keisuke ne pu s'endormir...
Quelques jours plus tard la gêne qui s'était installée entre eux avait entièrement disparu et tout redevint comme avant.
Yui se dirigeait tranquillement vers son prochain cours jusqu'à ce que Souji ne l'aborde.
-Oh, c'est rare que tu viennes me voir.
-J'aimerai te demander quelque chose...
-Des conseils sur les filles ?
-Rien à voir. Pourquoi j'en aurait besoin de toute façon ?
-Heu... Je sais pas, peut-être parce que ça fait deux ans que tu es célibataire ?
-Qu'est ce que tu en sais ?
-Souji, je te connais depuis longtemps et je l'aurai su si tu avais une copine. A moins que tu ne préfères les -garçons ? Fu fu.
-Non.
-Hmm ? C'est bien vrai ce mensonge ?
-Es-tu amoureuse de Toma ?
-Hein ? C'est quoi cette question tout à coup ?!
-Je veux juste savoir si tu l'aimes...
-Non....
-J'ai bien vu la façon dont tu le regardes depuis toujours.... En particulier l'autre soir...
-Toi aussi tu étais choqué ! Rien d'étonnant après le baiser qu'ils ont échangé...
-Pourquoi tu ne lui dis pas ?
-Parce que c'est voué à l'échec... Tu le connais aussi bien que moi, il n'est jamais sérieux sans ses relations et du fait que je sois son ami je n'ai aucune chance.
-Tu serais peut être soulagée ?
-De tout façon ce n'est pas un homme pour moi. En temps normal je ne pourrai jamais sortir avec un type pareil. Mais que veux-tu... Le c½ur à ses raisons que la raison ignore...
-Je te soutiens, tu le sais ça ?
-Oui... Mais je vais bien ! Je ne suis pas du genre à me laisser abattre pour ça !
-Je m'en doute, mais tu peux toujours compter sur moi si tu as besoin de parler. Je t'écouterai.
-Compris. Bon merci encore, mais je dois y aller.
-Ok. A plus.
C'est sur cette preuve d'amitié qu'ils se quittèrent.
Un peu plus tard, Toma et Keisuke se prélassaient sur le Campus, ils avaient fini leur journée. Ce dernier reçu un appel.
-Très bien, je vous remercie.... On se revoit samedi pour en discuter..... Au revoir...
Tout d'un coup son teint pâli.
-Kei ça va ?, s'inquiéta Toma.
-Oui oui, ne t'inquiète pas...
Il lui adressa un sourire pour masquer sa détresse. Mais ce n'était que mensonge et Toma le remarqua tout de suite.
-Mais tu es blanc !
Keisuke eut un vertige et manqua de s'écrouler à terre. Fort heureusement son ami le rattrapa juste à
temps et l'assis sur un banc.
-Je vais bien je t'assure...
-Ne me prend pas pour un con ! C'était quoi ce coup de fil ? Avec qui tu discutais ?
-C'était ma mère.... Euh.... elle a... des difficultés financières. Rien de grave...
-Qu'est ce qu'il s'est passé ?
-Je ne sais pas trop mais je vais devoir prendre un petit boulot pour l'aider... Je risque de manquer plusieurs cours à partir de maintenant donc ne t'inquiète pas si je suis souvent absent.
-Mais comment tu vas faire pour réviser ?
-Je compte sur toi pour prendre des notes.
-Ça va de soit. Mais ça va aller ? Tu vas travailler où ?
-Je vais faire le tour des annonces.
-J'ai entendu dire que l'épicerie du coin cherchait un jeune. Tu veux que je me renseigne un peu plus ?
-C'est bon je vais y aller dans la semaine. Merci beaucoup.
Keisuke posa sa main sur celle de Toma lui montrant qu'il n'avait pas besoin de s'en faire. Mais ce dernier la lui maintenu fermement. Un geste de tout ce qu'il y avait de plus amical, mais qui ne manqua pas de faire rougir Keisuke.
-Kei, je me fais du souci pour toi, tu n'as pas l'air bien en ce moment....
-C'est à cause de ça...
-Oui j'avais compris mais si tu as besoin d'aide je suis là, nous sommes tous là...
-Si tu proposes, tu veux bien me prêter 10 000 ¤ ?
-Ça risque de ne pas être possible. Ha ha .
-Ha ha . Mais il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter ! Ça arrive à tout le monde !
-Si tu le dis...
-Bon on va manger ? J'ai faim !
-On se fait quoi ?
-Tu me payes une pizza ? Je suis pauvre à partir d'aujourd'hui !
-N'en profite pas trop !
-Ben si justement ! Il faut bien que tu me prennes en pitié et que tu t'occupe de moi ! Hé hé.
-Bon sang et dire que je m'inquiétais !
-Ah ! IDIOT !
-Tu vas voir !
XXXXXX
-Oh ! Kei !
-......
-He ho, réveille-toi !
Keisuke sentit quelque chose de chaud sur sa joue, quelque chose qui le caressait avec douceur. Cette sensation était des plus agréables, si bien qu'il peina pour ouvir ses petit yeux verts. Mais en entendant son prénom il sursauta et se redressa aussitôt. Assis au sol dos au mur, jambes allongées il se frotta les yeux pour y voir plus clair. C'est ainsi qu'il aperçu Toma à quelques centimètres de son visage. Il pouvait sentir son souffle effleurer sa peau, ce qui ne manqua pas de le faire frissonner. Quand il réalisa sa propre réaction il détourna vivement sa tête.
-Tu ne devrais pas dormir ici... En plein milieu du couloir c'est un moyen tu ne crois pas ? Ha Ha.
-Qu'est ce que tu fais là ?
-Figure-toi que j'allais aux toilettes quand je t'ai aperçu roupillant par terre.
-Merde je me suis endormi... Quelle heure il est ?
-Presque 4h. Je ne t'ai pas vu en cours, je pensais que tu travaillai, mais visiblement je me suis trompé, tu feignassais à la place !
-Je ne glandais pas ! Je me suis couché tard hier... Je n'ai pas beaucoup dormi... Je me suis assis cinq minutes par terre et je me suis endormi.... Putain je n'avais pas prévu de louper le cours ! J'ai pas vu le temps ! Fais chier !
-C'est à cause du job ?
-Le job ?? Ah oui... Je.... Le mec m'a engagé et je travaille beaucoup le matin et le soir.
-N'en fait pas trop.... Tu devrais te reposer un peu.
-Je ne fais que ça ! Non, je vais prendre trop de retard.
-T'inquiètes je prendrai des notes pour toi.
-Pas la peine, merci. De toute façon il reste deux cours non ?
-Oui. Tu es sûr que tu vas réussir à suivre ?
-Oui t'inquiète, je suis un mec, je gère.
Keisuke tenta de se lever mais ses jambes ne suivirent pas le mouvement et il retomba sur ses fesses.
-Pas maintenant... Putain !
Keisuke laissa échapper une larme qu'il se hata de faire disparaître avec le revers de la main. Mais c'était trop tard Toma s'en été aperçu et il regarda son ami avec inquiétude.
-Keisuke, ça va ?!
-Oui oui ! Mes jambes sont juste endolories, je suis resté trop longtemps assis... Aide-moi à me relever et ça devrait aller.
-Si tu le dis...
Au contact des bras autour de sa taille Keisuke se contracta et son corps frissonna à nouveau. Il piqua un fard.
A chaque fois qu'il frôlait son épaule, touchait sa peau ou même quand il pouvait humer son odeur bien masculine parsemée d'une touche fruitée, il pouvait sentir une étrange sensation envahir tout son être. Des frissons, un rythme cardiaque qui s'accélère, des bouffées de chaleur et une incontournable boule au ventre. Ce baiser qu'ils avaient échangé et partagé ne l'avait pas laissé si indifférent contrairement à ce qu'il essayait de se persuader. Au début il le repoussait dès que Toma le touchait car ça le faisait sursauter, mais il avait abandonné, c'était épuisant à force. Si bien qu'il fini par faire l'inverse, à provoquer constamment ce genre de situation, comme à l'instant, pour être en contact avec le corps de ce garçon, de cet homme maintenant, même si ça ne durait que quelques secondes.
Toma l'aida à se remettre sur ses jambes. Ce dernier dû fermement s'accrocher au pull de son ami pour ne pas trébucher. Keisuke se dégagea et vint s'appuyer contre le mur.
-Merci. Je vais me débrouiller maintenant.
-Tu es sûr ?...
-Oui ça va passer...
-Te fous pas de moi ! Regarde comme tes jambes tremblent ! Je t'emmène à l'infirmerie.
-Non surtout pas ! ....
Il inspira profondément, dans l'espoir de se calmer. Ses jambes qui flageolaient jusqu'à présent pour soutenir son poids finirent par se stabiliser.
Il se redressa et se tint fièrement devant Toma.
-Tu vois ça va mieux... C'était juste passager. Ha ha.
-C'était quoi ça ?
-Jambes engourdies je t'ai dit.
-J'ai déjà eu les jambes lourdes et ça ne m'ait jamais arrivé !
-Et bien tu as eu de la chance ! Ha ha .
-.....
-Ne me dévisage pas comme ça.... Je vais bien.
-Je te laisse pour cette fois... Mais il va falloir que tu m'explique un de ces quatre. T'es bizarre en ce moment, tu fais souvent des poussées de fièvres, et là maintenant c'est les jambes ?
-Ça s'appelle rougir crétin..., marmonna-t-il.
-J'ai pas entendu ce que tu as dit.
-Rien.
-Je suis sérieux Keisuke. Je m'inquiète pour toi. Va voir un médecin.
-Oui oui. Bon si on allait en cours ? On va être en retard en stats.
-Oh putain !
Ils se dépêchèrent d'aller dans l'amphithéâtre qui était à l'autre bout du campus. Le cours avait déjà commencé. Ils tentèrent de se glisser discrètement sur les sièges en passant par l'arrière de la salle. Mais la porte en fer les trahit. Elle était si vielle qu'elle grinçait au point de résonner dans toute la pièce. Avec vingt minutes de retard l'enseignant leur fit des remontrances sous prétexte que si ils ne voulaient pas travailler ils n'avaient qu'à rester chez eux. Cette situation leur rappelait étrangement le lycée. Tous deux avaient pris l'habitude de s'installer sur le toit de l'établissement lors des pauses. Un lieu interdit par le règlement intérieur que Yui et Souji ne se risqueraient pas à transgresser. Et ils finissaient toujours par piquer un somme sans prêter attention au temps qui s'écoulait et arrivaient en retard au cours d'anglais. Le professeur en était vert de rage.
C'était la belle époque. Ils n'avaient pas de responsabilités puisqu'ils étaient encore sous la tutelle de leurs parents. Encore au chaud dans un petit nid bien douillet.
Ce temps était révolu, ils étaient adulte aujourd'hui, livrés à eux-même dans les bons comme dans les moments difficiles...
XXXX
-Ben alors Souji ? Qu'est ce qu'il t'arrive ? S'interrogea Toma en le voyant arriver.
Lors d'une après-midi entre deux cours ils s'étaient tous regroupés sous un érable du campus. Ils étaient confortablement installés sur un carré d'herbe avec des boissons et tout un tas de choses à grignoter. Ils profitaient des dernier rayons de soleil et d'une douce brise pour faire une petite pause. La matinée avait été chargée en examens.
-T'as loupé tes partielles ? Enchaîna Yui.
-Il y a de ça....
-Mais ?
-Un mec m'a fait une déclaration juste après....
-Pouah haha !
Ils éclatèrent tous de rire, sauf Keisuke qui s'était figé en entendant cette révélation.
-Et alors tu lui as dit oui ? Il serait temps que tu sorte avec quelqu'un ! Ha ha.
-Toma ! Je n'ai peut être pas eu beaucoup d'aventures contrairement à toi, mais ce n'est pas pour autant que je vais tomber dans les bras du premier venu ! En plus c'est un mec ! Je suis hétéro.
-Ah oui ? J'ai toujours cru que tu étais homo avec ta tête d'otaku et tes jolies lorgnons.Mais vous seriez bien allés ensemble ceci dit ! Ha ha.
-Ça ne me fait pas rire !
-Bah ça me rassure. Ça l'aurait pas fait. Un mec avec un leggings et un tee shirt rose qui traîne avec nous, j'aurai pas pu.
-Il aime les hommes c'est tout, ça ne veut pas dire que c'est un travesti !
-C'est du pareil au même, il est forcément effémine.
-Non pas du tout !
-Eh bien tu prends sa défense ? Tu t'es amouraché de cette petite queen ? Ha ha.
-Toma ça suffit arrête, intervint Yui.
-Oh ça va on peut rigoler non ? Je m'excuse ça te va comme ça ? Ha ha. Mais c'est qui, un gars de ta classe ?
-Oui. Il a dit qu'il me regardait depuis la rentrée.
-Ouah ! T'imagines ! Quatre mois qu'il te dévore des yeux, qu'il s'imagine faire tout un tas de trucs salaces avec toi ! Si ça se trouve il t'aurait un jour coincé entre deux murs et....
-Toma arrête ! T'es vraiment con quand tu t'y mets ! Hurla Yui.
Keisuke était sidéré, entendre son meilleur ami parler de la sorte le laissait sans voix.
-Ben quoi c'est dégueulasse ! Tu as bien vu la réaction de Souji, comme ça l'a mit mal à l'aise !
-Mal à l'aise oui, mais ça ne m'a pas dégoûté ou quoi que ce soit.
-Tu ne vas pas me dire que tu trouve ça normal non ?!
Pris d'une colère soudaine Keisuke se releva brutalement et lança un regard noir en direction de Toma.
-Je pensais que tu étais quelqu'un de tolérant et pas un putain d'homophobe ! Tu me déçois...
Sur ces mots il s'éclipsa.
Toma lui couru après, attrapant son poignet pour le retenir. Ce geste ne manqua pas de le faire rougir, mais il était tellement énervé qu'il dégagea violemment son bras.
-Kei... qu'est ce qu'il y a ?!
-T'es vraiment trop con. Je ne veux pas te parler pour le moment.
Il ne criait pas, mais son ton était froid, bien assez pour pétrifier Toma. Il n'avait jamais vu Keisuke avec un regard si meurtrier. Pourtant dieu sait à quel point il était caractériel. Mais cette fois c'était différent de toutes les autres fois où ils s'étaient disputés. Mais c'était trop tard, l'animosité était bien là et il fallait du temps pour qu'elle s'en aille. Toma le savait, pourtant il refusa de laisser partir son ami.
Il poursuivit Keisuke jusque dans les toilettes.
-Pourquoi tu me suis !?
-J'ai envie que tu m'explique !
-Que je t'explique quoi ? Que tu es une personne bourrée de préjugés à la con ?!
Sa colère venait-elle vraiment de ça ? Ou s'était-il tout simplement senti rejeté par son ami ? Lui qui commençait à avoir un désir certain, l'entendre déblatérer des insanités le blessait au plus profond de son être. Et au lieu d'être accablé par la tristesse, il était envahit de colère. Il laissait échapper toute la frustration qu'il avait intériorisé depuis cette fameuse nuit au bord du lac. Il était à bout, il ne pouvait plus supporter l'aveuglement de son ami, car c'était le cas, Toma étais bien aveugle. Keisuke avait tenté par tous les moyens pour lui faire comprendre qu'il le voulait lui, un petit regard en coin, une petite caresse sur le revers de la main ou même de la cuisse, mais en vain. Il ne voyait rien. Peut-être avait-il considéré toutes ces tentatives comme amicales ? Des gestes qui seraient normaux entre-eux ? Mais ce qu'avait dit Toma, il ne pouvait plus garder ça pour lui, il fallait crever l'abcès.
-Je ne suis pas homophobe ! Je ne pense pas avoir dit quelque chose de méchant...
-Et tu ne t'en rend même pas compte ?!
-J'ai juste du mal à comprendre comment un homme peut en aimer un autre...
-C'est pas sorcier pourtant !
-Putain Kei ! J'ai toujours pensé comme ça , tu le savais ! Ça fait presque 8 ans que tu me connais !
-Et bien je te connaissais mal...
-Arrête tes conneries ! Mais qu'est ce que tu as en ce moment ?!
-Rien...
-Je t'avais dit qu'on en reparlerait. Alors dis-moi ce qu'il se passe à la fin !
Toma lui attrapa fermement les épaules, et le regarda droit dans les yeux. Mais Keisuke détourna la tête.
-Rien je te dit...
-Regarde- moi dans les yeux.
-.....
-Mais merde à la fin ! Si tu ne me dis rien je ne peux pas t'aider !
-M'aider ?!
-Je suis ton meilleur ami depuis des années, à quoi est-ce que je sers si tu ne me fais pas confiance ?!
Keisuke fit claquer sa langue. Il était hors de lui. Il attrapa le visage de Toma de ses deux mains et l'embrassa violemment. Toma, trop surpris pour riposter se figea sur place, laissant Keisuke lui dévorer les lèvres avec passion. Il se laissait totalement transporter par la folie de l'instant, incapable de réfléchir. La seule chose à laquelle il pensait c'était le désir qui l'envahissait peu à peu. C'est lorsqu'il introduisit sa langue dans sa bouche en l'étouffant presque qu'il reprit ses esprits. Toma le repoussa sauvagement avant de lui envoyer son poing dans la figure. Le coup était si puissant que Keisuke percuta le mur avant de s'écrouler au sol. La douleur ne vint que quelques secondes plus tard, il appuya sur la zone sensible avec sa main.
-A quoi tu joues bordel ?!
Keisuke ne répondit pas.
-Tu essayes de me tester ?! Pour voir jusqu'où j'irai pour notre amitié ?!
-Te tester ? Quelle blague....
Ses yeux se remplirent de tristesse, il ne put retenir plus longtemps ses larmes et elles se déversèrent en torrent le long des ses joues avant d'aller se nicher dans son cou.
-Kei....
-Tu dis être mon meilleur ami, mais tu es incapable de voir ce que je ressens ! Des semaines que j'essaye de te faire comprendre que je veux, que je te désire.... Et tu n'as rien voulu voir ! Mais avec ta réaction tout à l'heure je comprend mieux ton aveuglement... Mais qu'est ce que j'y peux ?! Depuis ce baiser je suis bizarre.... A chaque fois que je te vois et que tu me touches j'agis étrangement.... Mais je ne peux pas me contrôler Toma ! Après tu dis que tu veux m'aider ? Mais tu m'envois valser contre un mur dès que je m'ouvre à toi ? Comment tu veux que je te fasse confiance ?... Je n'y peux rien si je te dégoûte, si je te mets mal à l'aise... Car c'est ce que je suis devenu, une queen comme tu les appelle si bien... un mec qui a du désir pour un autre, mon meilleur ami. Et je ne veux plus me cacher... Je ne me cacherai plus. J'avais honte au début, mais ce n'est plus le cas, parce que ce n'est pas anormal Toma. Ça peut arriver à n'importe qui !
Sa voix tremblait à cause des pleurs.
-Deux choix s'offrent à toi... Tu peux m'accepter comme je suis et continuer comme avant, ou tu peux tout simplement me frapper comme tu l'as si bien fait tout à l'heure, m'insulter de tous les noms et te casser mettant fin à notre amitié...
Toma fronça les sourcils, il perdit patience et se jeta sur Keisuke. Il l'embrassa voracement à son tour, le plaquant au mur pour l'immobiliser totalement. Il empoigna son membre déjà dur et le malaxa à travers son pantalon.
-Toma... Attend ! Qu'est ce que tu...
-C'est ce que tu voulais non ? Alors tais-toi.
Il défit vivement sa ceinture, ouvrit sa braguette d'un trait, et glissa sa main dans son caleçon en arrachant un gémissement à son ami. Il caressait vigoureusement de haut en bas, tout en lui mordant le cou, amenant Keisuke au bord de la jouissance. Voyant son orgasme arriver ce dernier attrapa le sexe de son assaillant pour ne pas être le seul à éprouver un tel plaisir. Il voulait lui aussi être le maître, commander le corps si viril qui s'imposait à lui. Il n'eût pas besoin de le caresser bien longtemps pour que celui-ci durcisse. Il reproduisit exactement les mêmes mouvements que Toma, installant une synchronisation parfaite. Il ne mirent pas beaucoup de temps pour exploser dans la main de l'autre.
Après quelques minutes leur respiration retrouva un rythme normal. Toma referma son pantalon à toute vitesse, se lava les mains salies par la semence de Keisuke et se retira, le laissant seul encore brûlant d'excitation.
Pourquoi avait-il fait ça ? Cette question le hantait depuis des jours. Alors qu'il ne pouvait voir deux hommes ensemble, pour quelle raison s'était-il jeter sur Keisuke ? Était-ce sous le coup de la colère, parce que ce dernier avait pris le dessus en l'embrassant de force et qu'il n'avait pu le repousser ? Dans ce cas pourquoi s'était-il laissé faire lorsque Keisuke l'avait touché jusqu'au point de non retour ? Il avait jouit dans la main de son ami, un homme. Toma n'arrivait pas à déterminer si ce qu'il avait fait ce jour là le dégoûtait ou non. L'idée d'avoir agressé Keisuke ne le dérangeait pas plus que ça, mais le fait que ce soit un garçon, là était le vrai problème. Mais il avait ressenti un certain désir à ce moment, il le voulait et c'était indéniable. Malgré sa fierté mal placée il voulait en discuter avec lui, mais faire le premier pas était très difficile, d'autant plus que Keisuke ne lui facilitait pas la tâche en s'absentant. Le lendemain même ils s'étaient tous deux ignorés, Toma ne lui avait pas adressé un seul regard au grand désespoir de Keisuke. Mais lui aussi était orgueilleux, après tout il était également un homme et il se refusait d'aller lui parler. Mais aujourd'hui cela faisait déjà 6 jours qu'il n'était pas allé en cours.
Les deux autres s'étaient aperçu de la tension qui régnait entre-eux. Ils étaient habitués à les voir se disputer, mais généralement ça ne durait pas plus d'une journée.
-Tu devrais aller le voir.
Toma avait croisé Souji et Yui dans un couloir de l'université.
-Yui il ne me semble pas t'avoir demandé ton avis.
-Toma ! Ça fait plus d'une semaine que vous êtes en froid !
-Et alors en quoi ça te regarde ?
-Ça me regarde car c'est chiant de te voir faire la gueule tous les jours ! Tu mets une ambiance de merde !
-Je suis d'accord avec elle, répliqua Souji.
-Toi l'otaku on t'a rien demandé !
-Tu ferait mieux de te calmer Toma !
Toma fit claquer sa langue.
-Et puis d'ailleurs pourquoi vous vous faites la gueule ?
-Pour des broutilles.
-Raison de plus pour aller t'excuser.
-Pourquoi ce serait à moi d'aller m'excuser ?!
-Parce qu'il est aussi têtu que toi et qu'il est malade !
-Comment tu sais qu'il est malade ?
-Parce qu'il m'a envoyé un texto.
-Alors qu'il ne répond pas aux miens... L'enfoiré !
Il donna un coup de pied dans le mur.
-Allez fait un petit effort, va le voir et expliquez vous. C'est la première fois que vous vous brouillez aussi longtemps. Il serait temps d'enterrer la hache de guerre tu ne crois pas ?
-Vous faîtes chier ! Toma tourna des talons et quitta ses amis.
-Tu sais mettre ta fierté de côté, c'est un petit pas vers l'âge de raison, ironisa Souji.
-Ta gueule !
Un peu plus tard dans la journée, Toma s'était rendu cher Keisuke. Il faisait presque nuit et il était là, devant sa porte, la main prête à appuyer sur le bouton. Mais il n'y arrivait pas , son bras se stoppait à chaque tentative.
Il se décida enfin à toquer à la porte, peut-être un peu trop brutalement. Lorsqu'il entendit des bruit de pas se diriger vers lui son coeur s'emballa, d'autant plus quand son ami ouvrit la porte. Il était là, face à lui, cette personne qui l'avait obsédée pendant des jours.
-Salut..., commença Keisuke, mettant fin à ce silence insoutenable.
-Salut...
-Qu'est ce que tu fais ici ?
-Je suis venu voir comment tu allais. Mais tu as l'air plutôt en forme pour quelqu'un de malade.
-Ah ça... Je vais mieux. Je retourne à la fac demain.
-Bon ok.
Toma se retourna et prit la direction de la cage d'escalier.
-Attend.
Keisuke lui attrapa la main.
-Tu n'avais rien d'autre à me dire ?
-.......... Si.....
Il le tira vers l'interieur et referma la porte derière lui. Toma ne prit même pas la peine de se dechausser qu'il se rua sur Keisuke pour l'embrasser. Cer dernier ne fut pas surpris. En croisant son regard dans le couloir il avait compris. Toma le désirait. Keisuke lui dévora les lèvres à son tour, glissant sa langue dans sa bouche à la rencontre de sa jumelle. Elles s'entrelacèrent, se nouèrent faisant monter la température de leurs corps.
Ils se dirigèrent vers le salon, les chaussures, l'écharpe et le blouson volèrent et vienrent s'éparpiller sur le sol. Sur le chemin ils luttèrent avec leurr ceintures et leurs braguettes. Dans la chambre, leurs pantalons tombèrent sur le plancher, leurs sweats suivant le même chemin. Sur le lit, au beau milieu des draps se mélangeaient tee-shirts et caleçons, leurs mains s'abandonnèrent sur leurs sexes et leurs bouches se perdirent sur celle de l'autre. Ils se découvraient, se goûtaient, oubliant tout le reste. Les préjugé, leur dispute, tout était loin derière eux. Leurs jambes étaient mélées et leurs bras se joignirent au dessus de leurs têtes. Keisuke roula sur Toma, glissant ses lèvres dans le creu de son cou avant de le mordre avec virilité. Ce dernier en gémit et retourna Keisuke afin de se palcer au dessus de lui. Il lui rendit son geste, sorte de petite vegeance et lui laissa une belle trace rouge sur l'épaule. Toma rempa sur son partenaire, frottant son sexe contre le sien, éveillant d'autant plus leur désir. Son odeur suave le rendait fou, il lécha sa poitrine, passant sur un téton qu'il ne manqua pas de titiller, le durcissant, l'aspirant avec voracité, si bien que Keisuke laissa échapper un petit cri.
Celui-ci enroula ses bras autour de son cou et releva sa tête pour atteindre son oreille. Il lui susura d'une voix brûlante de désir : "Prend-moi Toma...."
En guise de réponse il lui donna un baiser passionné.
Il se redressa, humidifia ses doigts et revint s'étendre sur lui, une main remontant le long de ses fesses et sa bouche venant taquiner la sienne.
-Détend-toi, murmura-t-il en massant l'entrée de son intimité. Keisuke tressailit à ce contact.
L'apréhenssion le tiraillai et quand la brûlure de son doigt le fit se contracter il se retint de le frapper.
Toma posa sa main sur son front en relevant ses cheveux châtins, d'un même geste il caressa sa joue comme pour le rassurer. Quand il se calma il en ajouta un deuxième, puis un troisième. Il les fit aller et venir, façonnant son corps pour lui, jusqu'à ce qu'il soit prêt et que son sexe vienne prendre la place qui l'attendait. Keisuke était complètement à lui, et il se sentait plus que bien. Il plaqua ses mains sur ses fesses et l'enfonça plus profondément en lui, tout en arrachant un gémissement de pur extase à son ami.
Toma donna un grand coup de reins et Keisuke renversa la tête. Il se pencha pour l'embrasser et redonna un coup plus fort. Il allait de plus en plus vite, frottant de son ventre le membre en errection de Keisuke. Leurs langues dansaient entre elles, les mains liées il s'abandonnait entièrement à lui, écrasant sa fierté masculine. Mais y en avait-il vraiment une ? Leurs corps s'adonnaient à un plaisir tel que la position n'avait plus d'importance. Offrir son corps à quelqu'un était une chose merveilleuse après tout.
Toma devint complètement frénétique. A un moment il vint cogner contre cette fameuse zonne sensible et Keisuke jouit violement. Aussitôt il sentit le sexe dominateur se raidir. Toma gémit et retomba sur lui de tout son poids.
Peut-être aurait-il dpu se sentir honteux, humilié. Peut-être aurait-il dû s'écarter furieux qu'il lui ait prit la seule chose que les hommes refusaient de donner. Cette forme de soumission réservée aux femmes. Mais il ne se sentait pas dominé par Toma. Il se sentait heureux, satisfait et au chaud.
Ils restèrent un moment alongés l'un sur l'autre savourant ces minutes de bonheur dans un silence le plus total. Après avoir retrouvé son souffle, Toma déscendit du lit à la recherche de ses vêtements. Une fois habillé il quitta la pièce fermant la porte derière lui. Keisuke enfila son caleçon et le rattrapa en lui agripant le bras.
-Attend Toma ! Reste....
Mais il ne répondit pas.
-Qu'est ce qu'il t'a déplu ? ....
-Je suis désolé...
Keisuke lâcha prise et Toma le quitta. Quand la porte fut fermée, Keisuke y donna un grand coup de pied.
-Putain ! .... Fait chier....
Il alla s'asseoir sur le canapé, ramenant ses genoux à sa poitrine et se recroquevilla sur lui-même.
Quant à lui Toma était allé se saouler dans le premier bar venu pour méditer sur ses actes, ce qui bien sûr se voyait parfaitement sur son visage le lendemain.
-T'es allé picoler au lieu d'aller t'excuser ?!, s'écria Souji.
-La ferme !
-Tu n'en a pas marre d'être agressif comme ça ?!, répliqua Yui.
-C'est vrai pardon...
-Alors ?
-J'y suis allé.
-Et ça n'a rien arrangé ?
-C'est bien tu comprend vite !
Keisuke avait refusé de déjeuner avec eux, il avait clairement sous-entendu qu'il ne voulait en aucun cas être avec Toma. Il s'était donc gardé de manger avec ses amis et était parti à la cafétéria.
-Mais bordel qu'est ce que t'as foutu pour que ça dure aussi longtemps ?!
-Je sais pas.
-Tu sais pas ou tu ne veux pas en parler ?
-Bon vous me saoulez avec vos questions, j'en ai marre !
-Tu vois tu recommences !
-Je me casse.
-Oui fait ça t'as raison ! Faites vous encore la gueule, à ta guise !
N'écoutant pas la suite de leurs remontrances il se retira. Que pouvait-il leur dire de toute façon ? Qu'il s'était envoyé son meilleur ami ? Surtout pas après le discours qu'il avait tenu la fois dernière. Toma était perdu. Il ne se comprenait plus. Comment pouvait-il perdre à ce point le contrôle face à Keisuke ? Pourquoi avait-il du désir pour lui, un homme qui plus est ? "C'est forcément à cause de la nuit au lac...", pensa-t-il. Mais en quoi était-ce un problème ? Il était beau garçon et extrêmement sensuel. Son odeur érotique était comme une drogue, et cette nuit Keisuke avait été magnifique... Mais c'était tellement dur de renoncer à tous ses principes et de renier ce qu'il avait toujours été... il était coincé. D'un côté la raison et la normalité, de l'autre le fruit défendu, le plus grand de tous les péchés. Mais comment pouvait-il y résister ? Il empruntait le même chemin qu'Adam et Ève.
Alors qu'il se triturait l'esprit à cause de Keisuke en errant dans les lieux déserts du Campus, il surprit ce dernier dans les bras d'une fille. Un autre aurait tout de suite remarqué qu'il était mal à l'aise et que c'était cette demoiselle plutôt entreprenante qui le forçait. Mais Toma, voyant déjà rouge n'y prêta pas attention et se rua sur lui pour les séparer, manquant de faire tomber la jeune fille. Il lui attrapa violemment le bras.
-A quoi tu joues Toma ?!
-Je te retourne la question !
-Ça ne te regarde pas. Lâche-moi !
-Ça ne me regarde pas ?!
Son sang chaud ne fit qu'un tour. Il grogna et entraîna Keisuke avec lui, refusant de le lâcher.
-Lâche-moi je te dis !
-Non.
Rien à faire, Toma était beaucoup plus fort que lui et son étreinte le faisait trop souffrir pour tirer dans l'autre sens. Toma l'emmena chez lui, son appartement était proche de l'université.
A peine ils eurent franchit le seuil de la porte Toma le plaqua contre le mur de l'entrée, formant une cage sur sa cible. Lorsqu'il entreprit de l'embrasser Keisuke le repoussa brutalement.
-Tu comptes me baiser encore une fois ?!
-Keis....
-Je refuse d'entendre tes explications ! Deux fois que tu me fais le coup, que tu te casses en me laissant en plan ! Désolé mais ça ne va pas le faire, je suis pas....
Toma lui coupa la parole en attrapant sa main pour la poser sur le bas de son corps, dévoilant ainsi le désir qui l'envahissait.
-Que...
-S'il te plait n'en dit pas plus !... J'ai assez honte comme ça...
Il détourna la tête et se cacha de son bras.
-T'es un cas toi ! Ha ha. Mais on n'y peut rien.
Keisuke esquissa un sourire plein de tendresse. Il attrapa la main de cet homme rouge de honte qu'était devenu son ami pour la placer sur sa taille. Puis il enroula ses bras autour de son cou.
-On va s'occuper de ça..., lui dit Keisuke d'une voix sensuelle.
Il déposa ses lèvres sur les siennes et lui donna un doux baiser qui n'avait rien de comparable aux autres fois. Il n'y avait plus rien de brutal dans leur gestes, simplement de la tendresse, de l'amour.
Il le traîna jusqu'au salon et assit son ami sur le sofa, seul endroit ils pouvaient se poser. Keisuke s'agenouilla devant lui et se plaça entre ses cuisses. Il défit la ceinture de Toma et ouvrit lentement sa braguette de manière érotique.
-Attend... Qu'est ce que tu...
-Chuut..
Il plaça un doigt sur sa bouche pour le faire taire. Il baissa le pantalon, forçant Toma à se soulever. Il caressa ce membre déjà brûlant, faisant frissonner son partenaire. Keisuke s'amusa de sa réaction et sortie le sexe dur de sa prison de coton. Il en admira sa taille imposante, la même qui lui avait procuré un plaisir immense la veille, et commença à le lécher de haut en bas. Toma se crispa, enfonçant ses ongles dans le canapé. Après l'avoir mis en appétit il le prit entièrement en bouche, caressant la base de sa main. C'était une première pour lui, il n'avait jamais touché d'autres hommes avant Toma, alors il faisait de son mieux, bien qu'il savait comment donner du plaisir, étant lui même un garçon. Il allait et venait, à un rythme de plus en plus rapide, faisant haleter ce dernier qui succombait peu à peu à la chaleur qui l'envahissait.
-Kei... Arrête... je vais....
Au bord de l'explosion Keisuke stoppa ses caresses, coupant l'intense plaisir de celui-ci et le laissant plonger dans une grande frustration.
-Kei.... ha...
Il se redressa pour l'embrasser.
-J'ai envie de te sentir Toma. Je veux me donner à toi encore une fois....
Son regard de braise enflammait tout sur son passage, y compris le c½ur de Toma qui ne pouvait plus résister.
-Oui, donne-toi à moi, je veux revoir ton corps magnifique..
Ils s'adressèrent un sourire. Toma lui retira son pull et Keisuke fit le reste. Il s'assit sur les genoux de son amant, entièrement nu et l'enlaça de toutes ses forces. Sentant l'érection de ce dernier Toma souleva son bassin et le pénétra doucement. Keisuke grimaça, mais il s'enfonça complètement sur lui, accueillant cette douce chaleur. Ils s'étreignirent l'un l'autre, effectuant de lents mouvements passionnels, profitant de chaque allées et venues. Ils échangèrent de long baiser langoureux, se caressant de leurs langues, s'explorant au plus profond de leur être. Cet instant semblait être une éternité, comme si le temps s'était soudainement arrêté ; ils ne voulaient pas se quitter, le feu qui brûlait en eux ne devait pas s'éteindre, ils s'y refusaient, mais leurs corps eurent raison d'eux, ils succombèrent à l'ivresse salvatrice, sensation nouvelle et magique qu'il n'avaient jamais ressenti. Lorsqu'ils poussèrent leur dernier gémissement Keisuke s'affala sur Toma, épuisé. Il ne se retira pas, gardant une partie de son amant en lui, l'empêchant de partir.
-Si t'essaye de t'en aller encore une fois pendant que je dors je te casse la gueule, compris ?
-Compris. Ha ha.
Toma lui attrapa les hanches et le bascula sur le côté, l'allongeant sur le canapé et se coucha sur lui pour l'embrasser.
Ils finirent par s'endormir l'un sur l'autre, les mains jointes.
Très vite ils entretenaient une relation charnelle, se voyant régulièrement pour se donner du plaisir, s'adonnant totalement l'un à l'autre, essayant toutes sortes de choses, toujours en conquête de nouvelles sensations. Toma s'était quelques fois donné à Keisuke, le laissant prendre le dessus, oubliant ses préjugés. Seul son partenaire et le plaisir qu'il lui procurait comptait.
Mais Toma avait une crainte immense qu'on découvre leur secret, il en était terrorisé. Alors il faisait tout pour rester discret, à un tel point qu'il en ignorait Keisuke. Lorsqu'ils étaient en public, même en présence de leurs amis il mettait tout en oeuvre pour rester loin de lui dans le but de n'éveiller aucun soupçons. Au grand désespoir de ce dernier. Mais Keisuke ne disait rien, il espérait néanmoins que Toma change. Mais leur relation allait-elle durer ainsi ?
Plus les jours passaient et plus le nombre d'absences de Keisuke augmentait. Au début il ne venait que le matin mais maintenant il ne prenait même plus la peine de se montrer à la fac. Toma avait bien tenté de le joindre sur son téléphone, en vain, il ne décrochait jamais. Il commençait sérieusement à s'inquiéter, alors il avait décidé d'en parler aux deux autres (qu'il n'avait pas vu depuis un moment à cause d'une montagne de travail). Keisuke leur avait dit qu'il avait accepté le petit boulot de l'épicerie du coin, tous les trois s'étaient donc présentés au magasin pour aller le trouver, mais le gérant ne semblait pas connaître cette personne.
-Vous êtes sûr qu'il ne travaille pas ici ?
-Je m'en souviendrai si j'avais engagé quelqu'un, mais ça fait plus d'un mois que le poste est vacant !
-Merci encore...
Ils sortirent du combini.
-Mais il est où bon sang ?!
-Calme-toi Toma. Ça ne sert à rien d'angoisser....
-Souji, ça fait deux semaines qu'on a pas de nouvelles ! Il ne répond pas au téléphone, il n'est pas chez lui et maintenant j'apprend qu'il ne travaille pas ici ?! Et tu ne veux pas que je m'inquiète ?!
-C'est vrai que c'est bizarre, intervint Yui.
-Je vais réessayer chez lui... Je vous tient au courant.
-On vient aussi.
-Pas la peine vous avez des exams non ?
-Oui, mais ce n'est pas le plus important !
-C'est bon. De toute façon je dois lui parler seul à seul... Enfin si j'arrive à le voir...
-Comme tu veux, mais tu nus appelle ?
-D'accord.
Toma se dirigea vers l'appartement de son ami. Il toqua vivement à la porte mais personne ne répondit. Il se laissa tomber sur le paillasson et commença à se ronger les ongles. Il patienta pendant plus de deux heures, mais toujours aucun signe de Keisuke. Le soleil se couchait. En regardant son téléphone dans l'espoir d'y voir un message de ce dernier, il se souvint que son répertoire comportait le numéro de sa mère. Il se hâta de composer le numéro et par miracle elle décrocha.
-Allo ?
-Bonjour madame, vous êtes bien la mère de Keisuke.
-Oui à qui ai-je l'honneur ?
-Je suis Toma un de ses ami, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, ça fait longtemps.
-Si ! Je me souviens, vous aviez l'habitude de jouer ensemble près du port au collège ! Que puis-je faire pour toi ?
-Est-ce qu'il est avec vous ?
-Non pourquoi ?
-Ça fait deux semaines qu'il ne vient plus à l'université et je n'arrive pas à le contacter... Je suis allé le chercher à son job, mais le gérant m'a dit qu'il ne le connaissait pas. J'ai l'impression qu'il me câche quelque chose, sinon il ne m'aurait pas menti là dessus.
-Il avait un petit boulot ?
-D'après ce qu'il m'a dit oui... Mais comme je vous l'ai dit le propriétaire du magasin prétendait ne pas le connaître.
-Je n'étais pas au courant... il a des problèmes d'argent ?
-Mais c'est pour vous qu'il devait commencer à travailler, pour vous aider !
-Comment ça ?
-Il m'a dit que vous aviez des problèmes avec votre travail et que vous n'aviez pas de quoi payer le loyer ! -C'est pour ça qu'il voulait bosser !
-Qu'est ce que c'est que cette histoire ?!
-A vous de me le dire.
-Je n'ai jamais eu aucun soucis financiers.
-Alors pourquoi il aurait raconté ça ?
-Je n'en sais rien, mais en tout cas je peux t'assurer qu'il n'y a pas de problème à ce niveau là.
Toma ne comprenait plus rien. Pourquoi Keisuke lui avait-il menti ? A quoi cela pouvait-il bien rimer ? Que lui cachait-il ?
Alors que tout se bousculait dans sa tête, des bruits de pas se firent entendre. A ce son il se releva aussitôt pour observer la personne qui arrivait. En reconnaissant cette silhouette il raccrocha et dévala les escalier pour aller à sa rencontre.
-Toma ? Qu'est ce que tu....
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il senti sa joue gonfler. Toma venait de le gifler. Pris de cours il ne su comment réagir.
-Où étais-tu !?
-Pourquoi tu me frappes ?!
-Je t'ai demandé où tu étais !
-Au travail !
-Arrête de mentir ! Dis-moi la vérité pour une fois !
-De quel droit tu me cries dessus ?! Je t'ai dis que je travaillais !
-Et tu travaillais où exactement ?!
-Au combini je te l'ai déjà dit !
-J'y suis allé figure-toi ! Et le gérant m'a dit qu'il ne te connaissait pas !
-Et bien il s'est trompé...
-Arrête de me prendre pour un con et dis-moi ce qu'il se passe !
-Je te l'ai dit...
-Je t'en supplie, arrête ! J'ai appelé ta mère et elle m'a dit ne pas avoir de problèmes !
-.....
-Qu'est ce que tu nous caches bordel ?!
-Tu es qui pour me parler comme ça ?!
-Je suis ton ami. Tu n'imagines même pas à quel point on s'est inquiété pendant ces deux semaines ! Tu ne me répondais pas... Je me suis fait un sang d'encre !
-Tu t'inquiétais pour moi ? La bonne blague... Tu ne me calcule pas quand on est en public, tu me considère comme un objet sexuel et tu t'inquiètes pour moi ?! Te fous pas de ma gueule !
-Je ne t'ai jamais considéré comme ça...
-Ah ouai ?! Tu tires ton coup et tu te casses la minute suivante ! Comment tu crois que je me sens ?! Tu te dit "le petit Keisuke est bien docile, donc il va me laisser faire sans rien dire "? Et bien tu te goures !
-Arrête, tu vas trop loin....
-Je vais trop loin ?! C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Mais dis-moi tu aurais peur qu'on apprenne que tu as viré ta cuti ?
-Tais-toi ! Je ne suis pas gay !
-Alors pourquoi on couche ensemble ?! En général un hétéro ne baise pas un autre mec !
Toma se mordit les lèvres et serra les poings. La rage bouillonnait dans tout son corps, il dû se retenir pour ne pas lui en mettre une autre. Il en avait assez, tout ce que disais Keisuke était entièrement vrai, mais devoir se l'avouer était beaucoup trop dur pour lui, surtout dans les circonstances actuelles. Son ego était blessé. Sous le coup de la colère il s'en alla. Il prit les escaliers. La seule chose qui l'importait était de quitter cet endroit.
-Toma !
Les appels incessant de Keisuke ne lui parvenait pas aux oreilles, il n'écoutait plus rien en dehors de la fureur qui le consumait peu à peu.
Il ne prit même pas garde à la route et à la voiture qui arrivait à pleine vitesse. Le bruit le ramena à la réalité et voyant le véhicule arriver il se pétrifia. Ne pouvant plus bouger il ferma les yeux. Tout se passa très vite, une fraction de seconde suffit à la voiture pour percuter le corps qui s'effondra immédiatement au sol.
Toma ouvrit les yeux, mais quelque chose clochait. Il se tata le torse pour vérifier si il était entier, et réalisa qu'il vivait encore. Pourquoi la voiture ne l'avait pas renversé ? Lorsqu'il baissa ses yeux sur le bas de son ventre il comprit.... devant lui gisait le corps sans vie de son ami. Ce dernier avait dû accourir vers lui afin de le protéger, mais avait péri à sa place...
Prit de panique il se rua vers Keisuke et tenta malgré tout de relancer son coeur. Il essaya de plus belle, de toutes ses forces il appuyait sur sa cage thoracique, en lui cassant une multitude de côtes, mais sans résultat. Autour d'eux s'étendait une mare de sang qui ne cessait de s'agrandir. Son corps était brisé...
Un homme s'avança derrière lui et lui posa une main sur l'épaule.
-Mon garçon... Arrête... ça ne sert plus à rien...
-Taisez-vous ! Appelez une ambulance au lieu de rester planté là !
Il donna un coup d'épaule pour se dégager et continua son massage cardiaque.
-Keisuke ! Allez fais pas le con !
Les larmes ne coulaient pas, il ne pouvait se résoudre à perdre espoir, ce qui reviendrai à perdre son ami. Peu de temps après le camion de pompiers arriva sur place. Les hommes en noir se précipitèrent sur le corps afin de constater les dégâts. Il éloignèrent Toma qui était figé. L'un d'eux le prit en charge pour l'examiner et se renseigner sur l'accident, mais il était ailleurs, il n'arrivait pas à détacher les yeux de son ami. Par la suite les pompiers installèrent Keisuke sur un chariot et l'emmenèrent jusqu'au camion. Toma ne pu monter avec lui, ils lui ordonnèrent de rentrer chez lui pour se reposer. Il obéit, mais il ne pouvait pas se permettre de dormir alors que Keisuke était entre la vie et la mort. Il se résigna néanmoins à prendre une douche pour se remettre de ses émotions. Cela ne pouvait que lui faire du bien. L'eau chaude coula le long de son corps, balayant tout le sang séché de son ami. En voyant le bac rosi il se mit à trembler. Son pouls s'accéléra et sa respiration se saccada peu à peu, il s'adossa au mur de la cabine pour se calmer, mais en vain, il ne trouvait plus assez d'oxygène pour alimenter ses poumons. Il s'écroula sur le bac de la douche. Mais lorsqu'il entendit la sonnerie de son téléphone il revint à lui. Il se précipita hors de la salle de bain et attrapa son portable. Mais la lueur d'espoir qui lui restait s'éteignit d'un seul coup quand un médecin de l'hôpital prit la parole. Il lâcha l'appareil qui vint s'écraser sur le carrelage. Il se retourna, les jambes engourdies et tenta tant bien que mal d'aller s'asseoir sur son clic-clac, se moquant complètement de mouiller les draps. Il était sous le choc et ne pouvait réfléchir convenablement, mais il était envahit par un sentiment de culpabilité. C'était de sa faute. Keisuke l'avait protégé au péril de sa vie, ce qu'il pourrait jamais se pardonner....
-Pourquoi t'as fait ça ?! Pourquoi tu ne m'a pas laissé crever tout seul comme un con ?! Pourquoi a-t-il fallu que tu interviennes... Alors que je t'avais dit des choses horribles tu as accouru vers moi... Pourquoi ! S'il te plait-répond moi !
Toma hurlait à s'en briser les cordes vocales, il tapa de toute ses forces dans le mur, se fracturant quelques phalanges mais il ne pleurait pas. Il n'y arrivait pas. Pendant les jours qui suivirent il ne quitta pas son appartement, il ne se leva pas et ne mangea pas. Il était dans un tel état de léthargie que personne ne pouvait l'aider.
Ses amis avaient tenté à maintes reprises de le joindre mais son téléphone était cassé. Il se déplacèrent jusque chez lui pour lui annoncer les funérailles mais il ne prit même pas la peine d'aller leur ouvrir. Il n'avait plus la force de rien, quelque chose s'était brisé en lui, il était mort à l'intérieur. Mais au bout d'une semaine des personnes firent irruption dans sa maison. Yui avait dû prévenir la police car elle s'inquiétait pour lui. Ces derniers n'eurent pas besoin de chercher bien loin, Toma gisait au sol, pâle et amaigrit. Il était dans un état critique, alors ils l'emmenèrent d'urgence à l'hôpital sous les yeux terrorisés de ses deux compagnons.
Ce n'est que deux jour plus tard qu'il s'éveilla.
-Toma ! Oh dieu soit loué, tu vas bien !
En ouvrant les yeux il réalisa qu'il était dans une chambre médicale et que Yui lui tenait fermement la main.
-Tu nous as fait peur du con ! Rétorqua Souji.
-....
-Comment tu te sens ?
-Pourquoi vous êtes venu me chercher.....
-Pourquoi ?! Parce qu'on s'inquitait pour toi !
-Vous auriez dû me laisser...Je suis la cause de sa mort, vous n'auriez pas dû venir....
Yui le giffla.
-Arrête tes conneries ! Tu penses à nous ?! Tu n'es pas le seul à pleurer sa mort ! On est tous accablé de tristesse ! On fait tout pour surmonter ça et toi qu'est ce que tu fais ? T'essaye de mourir ?! A quoi ça sert qu'il t'ait sauvé la vie ! On aurait dû t'abandonner ?! Me fais pas rire ! Tu croyais qu'on allait te laisser faire, alors qu'il s'est sacrifié pour toi... Tu n'est qu'un pauvre con ! On était mort d'inquiétude ! Tu peux le comprendre ça ?! Te perdre en plus... Tu es horrible...
Les larmes coulaient à flot le long de ses joues.
-Mais si t'es pas capable de voir ça, d'avoir ne serait-ce qu'un minimum de reconnaissance envers lui je ne peux plus rien pour toi... En fait ouai, t'as qu'à crever !
Sur ces dernières paroles elle s'enfuit de la chambre en courant.
-......
-Ce que Yui voulait dire c'est qu'on ne supporterait pas de te perdre toi aussi... Mais j'espère que ça te fera réfléchir. Bon je vais y aller, je vais te laisser... Prend soin de toi s'il te plait....
Souji lui tapota l'épaule et tourna des talons.
-Souji !
-Quoi ?
-Merci...
Il lui adressa un sourire avant de s'en aller.
Quelques mois plus tard Toma décida de quitter la fac et de retourner dans sa campagne, là où il avait grandit avec Keisuke. Il avait donc dû interrompre ses études en quittant ses amis. Ses parents étant décédés dans un crash d'avion il ne lui restait plus que la maison de son grand-père. Il voulait se reconstruire dans un environnement familier. Pour ne pas se laisser entretenir par ce dernier il avait trouvé un travail auprès des pêcheurs du coin.
-Hé Toma !
-Oui patron ?
Toma déchargeait les cagettes de poissons sur le quai.
-Quand tu auras fini de vider le bateau, je t'invite boire un coup !
-En quelle honneur ?
-Ça fait déjà un mois que tu bosses pour moi, tu y mets toujours du tien alors je pense que c'est bien mérité. -En plus ça me fait plaisir.
-C'est gentil. Ok ça me va patron !
-Oui !
Le jeune homme se hâta de vider le bateau, en dix minutes il avait terminé. Par la suite toute l'équipe s'installa sur la terrasse d'un bar du port. C'était un matin de printemps, il y avait donc une douce chaleur agréable accompagné d'une petite bise. Un serveur en possession d'un carnet s'avança à leur table.
-Qu'est ce que je vous sert messieurs ?
-Ah salut ! Pour moi ce sera une bière.
Tous les pêcheurs optèrent également pour une chope.
-Et toi Toma ?
-Ce sera un café.
-Un café avec cette chaleur ?! Si je te paye à boire c'est de l'alcool !
-Je conduis après...
-C'est pas une blonde qui va te saouler !
-Et bien une bière sans alcool alors.
-Petit joueur !
-Pas envie d'avoir d'un accident....
-Très bien fait comme bon te semble. Tu nous sert ça s'il te plait ?
-Ça marche.
Le facteur arriva pour déposer le courrier au café.
-Hey Sedo ! Tu te joins à nous ?, lui proposa le patron.
-Aaaah non pas cette fois patron, je suis en tournée. J'ai pas le droit de boire.
-Mais qu'est ce que vous avez tous ! Bande de mauviettes ! Vous faîtes une belle paire avec Toma tient !
-Disons que nous sommes raisonnables. Ha ha. Nous ne sommes pas alcoolique comme vous !
-Pardon ????
-Ha ha je rigole !
-T'as interêt ! Je connais ton père fais attention !
-Oui oui. Tient Toma pendant que j'y suis j'ai une lettre pour toi, ça m'évitera d'aller chez toi.
-Merci. Surement une lettre de mes amis.
-Signe-moi juste ça s'il te plait.
Il lui tendit une feuille que Toma signa.
-Voilà c'est tout. Allez, à la prochaine !
-Tu vas voir la prochaine fois !
-Oui oui allez ne buvez pas trop.
Le facteur se retira. Toma ouvrit l'enveloppe marron dans laquelle se trouvait une lettre et une autre enveloppe. Il déplia la lettre.
« Cher Toma, j'ai récemment apprit que tu étais retourné aux sources alors j'ai demandé l'adresse à tes amis car je ne savais pas si tu étais dans ta maison natale. En faisant le vide dans ses affaires j'ai trouvé cette enveloppe qui t'était destinée. Je ne l'ai pas ouvert car je sais ce qu'elle raconte... Il y en avait une également pour moi et je pense qu'elle dira la même chose... Sache qu'il tenait beaucoup à toi, tu étais la personne la plus proche de lui et c'est surement pour ça qu'il te l'a caché.... Tout comme à moi...
Prends soin de toi.
Yoriko, la mère de Keisuke. »
En lisant ces mots son sang se glaça. Qu'est ce que ça voulait dire ? Que lui avait-il caché ? Et pourquoi rédiger une lettre ?
Toma se leva brusquement.
-Qu'est ce qu'il t'arrive Toma ? Ta petite amie ? Tu as peur qu'on lise ta lettre d'amour ? Ha ha !
-Pas exactement... Veuillez m'excuser...
-Tu t'en va ?
-Oui... Désolé, je me rattraperai.
-Ok, je compte sur toi !
-Bonne journée...
Il s'éloigna et se posa sur le banc d'un parc un peu plus loin seul endroit où les cerisiers étaient encore en fleurs. Il prit la lettre, ses mains tremblaient, il déchira l'enveloppe sur laquelle était inscrit "Pour Toma" et en sortit le bout de papier qu'il y avait à l'intérieur.
« Hey Toma ! Je ne sais pas trop comment débuter cette lettre car je dois avouer n'avoir jamais été doué pour ça... Mais bon, il faut bien que je me lance un jour ! Je me doute que si tu lis cette lettre c'est que je suis déjà mort... ou plus de ce monde c'est plus poétique ! "Ceci n'est pas une lettre de suicide", mais ceux sont un peu comme mes derniers mots. Je suppose que ma mère ou les médecins t'ont annoncé la cause de mon décès (j'ai dû m'écrouler quelque part et on m'a amené à l'hôpital ou à la morgue) et je tenais à t'expliquer la raison pour laquelle je vous l'ai caché. A toi surtout...
Quand j'ai appris que j'avais un cancer j'avoue que j'étais sous le choc... N'importe qui le serait ! D'ailleurs tu t'en souviens ? C'est lorsque je t'ai raconté que ma mère avait des problèmes financiers. Sur le coup je n'ai pas su comment te dire qu'il ne me restait que quelques mois à vivre... Alors j'ai inventé cette histoire.
Puis après une longue et intense réflexion philosophique j'ai décidé que c'était mieux de ne pas en parler. J'ai donc inventé ce petit boulot pour justifier mes nombreuses absences "médicales". Vous connaissant vous m'auriez traité comme Charlotte en sucre et vous m'auriez fait la gueule pendant ce laps de temps... Ou pire, vous m'auriez prit en pitié et traité comme un roi je me trompe ? Surtout toi... Avec ce qu'il s'est passé entre nous depuis ce baiser... Je voulais que toutes ces choses viennent de toi et non de ce que je voulais moi. Que tu ne me fasse pas l'amour par dépit, mais parce que tu le désirais, que TU me désirais. C'est ce qui s'est passé et je ne regrette rien. Je suis heureux de tout ce qui est arrivé depuis le collège, en particulier à partir de l'université ! "rires". Chaque moment passé à tes côtés était précieux, même si parfois tu étais un peu distant... Attention ! Je ne t'en veux pas du tout ! Je comprends exactement ce que tu as pu ressentir car je suis un homme moi aussi et je sais à quel point c'est dur de tout remettre en cause. Je te parie tout ce que tu veux qu'on s'est au moins disputé une fois à ce sujet et que je t'ai envoyé bouler en disant tout ce que je te reprochais ! Alors arrête de culpabiliser comme un idiot ! Mais je te le redis encore une fois je ne t'en veux absolument pas car ces détails insignifiants ne sont rien à côté de l'amour que je te porte. C'est quand même plus facile à écrire qu'à dire ! Je n'aurai jamais eu le courage de te dire ça en face. Plus clairement : Je t'aime ! Comme un fou, tu es la prunelle des mes yeux ! J'ai honte d'écrire des choses pareilles... "Rougi". Tu peux oublier la partie toute rose des années soixante, j'ai écris ça pour que tu comprennes bien. Je te fais même un petit ♥ en bonus. Comme ça tu pourras bien te foutre de moi. Je sais c'est ringard, mais je voulais que tu saches que je suis tombé amoureux de toi ! Ce doit être bizarre que je te fasse une jolie petite déclaration, je ne suis même pas sûr que tu ressente la même chose... Et oui le grand Keisuke a des doutes ! Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a un petit truc. La preuve ? Tu m'a fait l'amour comme un dieu ! Et avec une telle tendresse ! Après une autre longue et intense réflexion j'ai réalisé que je devais t'aimer depuis qu'on est gosses et je ne m'en suis rendu compte que lors de cette soirée au bord du lac... "Boulet" tu vas me dire. On se croirait presque dans un film avec cette lettre d'adieux mielleuse. Enfin c'est ce que je ressens au fond de moi... Alors je te le dis encore une fois JE T'AIME ! Et je suis content de m'en aller avec ce sentiment.
Bon voilà, on arrive à la fin de cette lettre... Je trouve que j'ai été plutôt inspiré ! J'ai écris un roman. Mais il fallait bien ça pour te dire tout ce que je n'avais su t'avouer. Je suis lâche je te l'accorde, mais tu me connais non ? Dans tous les cas je tiens sincèrement à m'excuser.
Bon en ce qui concerne mes dernières volontés ça va être rapide car j'ai la flemme de faire un testament. Je suis trop jeune donc je n'ai rien à léguer hormis quelques ordres :
- Excuse moi auprès de Souji et Yui, je n'avais plus de papier pour écrire une lettre. J'espère que tu leur transmettra le message. Pas la peine pour ma mère je lui ai laissé un mot.
- Pardonne-moi. Je n'ai pas envie que tu m'envois des mauvaises ondes depuis la terre !
- Ne m'apporte pas des fleurs sur ma tombe ! Surtout pas ! Tu auras l'air d'un con sinon ! Mais... si tu n'as pas envie de venir les mains vides... Une petite bière à l'orange serait parfait ! Que je puisse la siroter tranquillement sur mon nuage !
- Vis ta vie, ne pleure pas et oublie-moi si il le faut... Je n'ai pas envie que tu vives dans le passé...
PS : J'ai toujours adoré tes fesses musclées ! Tu as un cul divin ! ♥
Keisuke. »
- C'est quoi ça ?! Tu te fous de moi !? Bien sûr que je ne vais pas te pardonner ! Et tu crois que je vais pleurer ?! Et bien tu te mets le doigt dans l'½il !
Malgré la culpabilité qui le rongeait toujours il se sentait libéré d'un poids. Mais d'autres sentiments vinrent tout de suite remplir ce vide : les regrets. En lisant cette lettre il s'était rendu compte de son amour pour Keisuke, chose qu'il avait toujours refusé d'admettre. La honte ? Peut-être bien. Désormais plus rien ne pouvait l'empêcher de l'aimer, plus aucun principe ne se dressait sur son chemin, mais c'était trop tard. Keisuke n'était plus là et il ne pouvait plus lui transmettre ses sentiments....
-Salaud...
Le vent se leva, emportant les pétales de cerisiers au large des côtes, ébouriffant ses doux cheveux, les faisant danser sur son visage en lui cachant ce magnifique spectacle. Aux coins de ses yeux perlèrent des petites gouttes d'eau, qui se transformèrent rapidement en ruisseau. Les larmes coulaient abondamment sans s'arrêter, elles glissèrent le long des ses joues pour aller se nicher jusque dans son cou. Pour la première fois il pleurait.....
_______________________________
sukesaky, Posté le mercredi 29 août 2018 14:19
celle ci aussi j'ai lu et beaucoup aimer j'ai même eu une petite larme ... ( je suis sensible )